Vous trouverez ici tous les chapitres que nous mettons progressivement en ligne de “La Conjuration antichrétienne“. Cette œuvre approuvée par le Pape Saint PIE X nous éclaire plus que jamais sur la situation actuelle Le protestantisme avait échoué; la France, après les guerres de religion, était restée catholique. Mais un mauvais levain avait été déposé en son sein. Sa fermentation produisit, outre la corruption des moeurs, trois toxiques d’ordre intellectuel : le gallicanisme, le jansénisme et le philosophisme. Leur action sur l’organisme social amena la Révolution, second et bien plus terrible assaut porté à la civilisation chrétienne. Ainsi que le démontrera la conclusion de ce livre, tout le mouvement imprimé à la chrétienté par la Renaissance, la Réforme et la Révolution est un effort satanique pour arracher l’homme à l’ordre surnaturel établi par Dieu à l’origine et restauré par Notre-Seigneur Jésus-Christ au milieu des temps, et le confiner dans le naturalisme. Comme tout était chrétien dans la constitution française, tout était à détruire. La Révolution s’y employa consciencieusement. En quelques mois, elle fit table rase du gouvernement de la France, de ses lois et de ses institutions. Elle voulait « façonner un peuple nouveau » : c’est l’expression qu’on retrouve, à chaque page, sous la plume des rapporteurs de la Convention; bien mieux « refaire l’homme » lui-même. Aussi, les Conventionnels, conformément à la conception nouvelle que la Renaissance avait donnée des destinées humaines, ne bornèrent point leur ambition à la France; ils voulurent inoculer la folie révolutionnaire aux peuples voisins, à tout l’univers. Leur ambition était de renverser l’édifice social pour le rebâtir à neuf. « La R évolution, disait Thuriot à l’Assemblée législative, en 1792, n’est pas seulement pour la France; nous en sommes comptables à l’humanité. » Siéyès avait dit avant lui, en 1788 : « Elevons-nous tout d’un coup à l’ambition de vouloir nous-mêmes servir d’exemple aux nations (Qu’est ce le tiers état ?). Et Barrère, au moment où les Etats-Généraux se réunissaient à Versailles : « Vous êtes, dit-il, appelés à recommencer l’histoire. » On voit le chemin qu’a fait l’idée de la Renaissance; combien à la Révolution elle se montrait plus achevée dans son développement et plus audacieuse dans son entreprise qu’elle n’avait parue, deux siècles auparavant, dans la Réforme. Dans son numéro d’avril 1896, Le Monde maçonnique disait « Quand ce qui a été longtemps regardé comme un idéal se réalise, les horizons plus larges d’un idéal nouveau offrent à l’activité humaine, toujours en marche vers un meilleur avenir, de nouveaux champs d’exploration, de nouvelles con quêtes à faire, de nouvelles espérances à poursuivre. » Cela est vrai dans la voie du bien. Comme le dit le Psalmiste, le juste a disposé dans son coeur des degrés pour s’élever jusqu’à la perfection qu’il ambitionne (Ps LXXXIII. 6. 7). Cela est également vrai dans la voie du mal. Les hommes de la Renaissance ne portèrent pas leurs vues - du moins tous - aussi loin que ceux de la Réforme. Les hommes de la Réforme furent dépassés par ceux de la Révolution. La Renaissance avait déplacé le lieu du bonheur et changé ses conditions; elle avait déclaré le voir en ce bas monde. L’autorité religieuse restait pour dire « Vous vous trompez; le bonheur est dans le Ciel. » La Réforme écarta l’autorité; mais elle gardait le livre des Révélations divines, qui continuait à tenir le même langage. Le Philosophisme nia que Dieu n’eût jamais parlé aux hommes, et la Révolution s’efforça de noyer ses témoins dans le sang, afin de pouvoir établir librement le culte de la nature. Le Journal des Débats, en l’un de ses numéros d’avril 1852, reconnaissait cette filiation : « Nous sommes révolutionnaires; mais nous sommes les fils de la Renaissance et de la philosophie avant d’être fils de la Révolution. » Inutile de nous étendre longuement sur l’oeuvre entreprise par la Révolution. Le Pape Pie IX l’a caractérisée d’un mot, dans l’Encyclique du 8 décembre 1849 : « La Révolution est inspirée par Satan lui-même; son but est de détruire de fond en comble l’édifice du christianisme et de reconstruire sur ses ruines l’ordre social du paganisme. » Elle détruisit d’abord l’ordre ecclésiastique. « Pendant douze cents ans et davantage, suivant l’expression énergique de Taine, le clergé avait travaillé à la construction de la société comme architecte et comme manoeuvre, d’abord seul, puis presque seul »; « On le mit dans l’impossibilité de continuer son oeuvre, on voulut le mettre dans l’impossibilité de jamais la reprendre. Puis on supprima la royauté, le lien vivant et perpétuel de l’unité nationale, le justicier de tout ce qui voulait y porter atteinte.
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