✒ de auguste rodin à camille claudel 12 octobre 1886 Ma féroce amie, Ma pauvre tête est bien malade, et je ne puis plus me lever le matin. Ce soir j'ai parcouru (des heures) sans te trouver nos endroits. que la mort me serait douce! et comme mon agonie est ne m'as-tu pas attendu à l'atelier. ou vas-tu? à quel douleur j'étais destiné. j'ai des moments d'amnésie ou je souffre moins, mais aujourd'hui, l'implacable douleur ma bien aimée malgré tout, malgré la folie que je sens venir et qui sera votre oeuvre, si cela continue. Pourquoi ne me crois -tu pas? J'abandonne mon salon la sculpture; Si je pouvais aller n'importe ou, un pays ou j'oublierai, mais il n'y en a pas. Il y a des moments ou franchement je crois que je t'oublierai. Mais en un seul instant, je sens ta terrible puissance. Ayez pitié méchante. Je n'en puis plus, je ne puis plus passer un jour sans te l'atroce fini, je ne travaille plus, divinité malfaisante, et pourtant je t'aime avec fureur. Ma Camille sois assurée que je n'ai aucune femme en amitié, et toute mon âme t'appartient. Je ne puis te convaincre et mes raisons sont impuissantes. Ma souffrance tu n'y crois pas, je pleure et tu es en doute. Je ne ris plus depuis longtempps, je ne chante plus, tout m'est insipide et indifférent. Je suis déjà mort et je ne comprend plus le mal que je me suis donné pour des choses qui me sont si indifférentes maintenant. Laisse moi te' voir tous les jours, ce sera une bonne action et peut-être qu'il m'arrivera un mieux, car toi seule peut me sauver par ta générosité. Ne laisse pas prendre à la hideuse et lente maladie mon intelligence, l'amour est si pur que j'ai pour toi enfin pitié ma chérie, et toi-même en sera récompensée. Je t'embrasse les mains mon amie, toi qui me donne des jouissances si élevées, si ardentes, près de toi, mon âme existe avec force, et dans sa fureur d'amour, ton respect est toujours au dessus. Le respect que j'ai pour ton caractère, pour toi ma Camille est une cause de ma violente passion. ne me traite pas impitoyablement je te demande si peu. Ne me menace pas et laisse toi voir que ta main si douce marque ta bonté pour moi et que quelques fois laisse là, que je la baise dans mes transports. Je ne regrette rien. Ni le denouement qui me parait funèbre, ma vie sera tombée dans un gouffre. Mais mon âme a eu sa floraison, tardive hélas. Il a fallu que je te connaisse et tout a pris une vie inconnue, ma terne existence a flambé dans un feu de joie. Merci car c'est à toi que je dois toute la part de ciel que j'ai eu dans ma vie. Tes chères mains laisse les sur ma figure, que ma chair soit heureuse, que mon coeur sente encore ton divin amour se répandre à nouveau. Dans quelle ivresse je vis quand je suis auprès de toi. Auprès de toi quand je pense que j'ai encore ce bonheur, et je me plains. et dans ma lâcheté, je crois que j'ai fini d'être malheureux que je suis au bout. Non tant qu'il y aura un peu d'espérance si peu une goutte il faut que j'en profite la nuit, plus tard, la vie après. Ta main Camille, pas celle qui se retire, pas de bonheur à la toucher si elle ne m'est le gage d'un peu de ta tendresse. Ah! divine beauté, fleur qui parle, et qui aime, fleur intelligente, ma chérie. Ma très bonne, à deux genoux, devant ton beau corps que j'étreins. Pour l'avenir à partir d'aujourd'hui 12 octobre 1886, je ne tiendrai pour mon élève que Mlle Camille Claudel et je la protégerai seule par tous les moyens que j'aurai à ma disposition par mes amis qui seront les siens, surtout par mes amis influents. Je n'accepterai plus d'autres élèves pour qu'il ne se produise pas par hasard de talents rivaux quoique je ne suppose que l'on rencontre souvent des artistes aussi naturellement doués. A l'exposition je ferai mon possible pour le placement, les journaux. Je n'irai plus sous aucun prétexte chez Mme.. à qui je n'enseignerai plus la sculpture. Après l'exposition au mois de mai nous partirons pour l'Italie et y restons au moins six mois, commencement d'une liaison indissoluble après laquelle Mlle Camille sera ma femme. Je serai heureux de pouvoir offrir une figurine en marbre si Mlle Camille le veut bien accepter. D'ici 4 mois ou 5 mois d'ici au moi de mai, je n'aurai aucune femme sans cela les conditions seront rompues. Si ma commande du Chili s'execute c'est au Chili que nous irons au lieu de l'Italie. Je ne prendrai aucun des modèles de femme que j'ai connus. Il sera fait une photographie chez Carjat dans le costume que Mlle Camille portait à l'académie toilette de Ville et peut-être en costume de soirée. Mlle Camille restera à Paris jusqu'en mai, Mlle Camille s'engage à me recevoir à son atelier quatre fois par mois jusqu'au moi de mai. Rodin ✒ 🎶 symphony #5 - malher 🎙cyberette 🏛 musee rodin - paris ✒
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