Dans ce documentaire foisonnant de tableaux, photographies et extraits de films, Florence Mauro propose son propre voyage en Italie entre 1777 et 1960. C’est avant tout une histoire du regard, à travers l’évolution des techniques de reproduction, le choix des motifs et la manière de les montrer, mais aussi dans les évocations littéraires lues en voix off. De l’artiste au touriste, les points de vue se superposent et se nourrissent. Goethe suscite par son récit l’engouement pour le voyage en Italie, et les Romantiques y cherchent la révélation d’une beauté perpétuée depuis l’Antiquité par les lectures d’Homère et de Virgile. Les ruines fascinent par leur grandeur déchue Keats, Shelley, Zola. Tout artiste se doit de les reproduire. La photographie, à partir de 1840, permet une diffusion accrue des vues de villes, de paysages marins ou de volcans. Le désir d’Italie atteint l’amateur éclairé. C’est aussi un marché et les studios fleurissent comme celui des Alinari à Florence. Peintures, daguerréotypes, tirages-papiers coexistent alors entretenant l’illusion de l’objectivité. Des photographes s’en affranchissent préférant un folklore pittoresque reconstitué. Cette industrie de la nostalgie attire les voyageurs. Proust à Venise par exemple. Nourri de cinéma, de cartes postales, de guides illustrés, le touriste curieux accède à l’Italie. Avec Vittorini, Pasolini ou Rossellini, le regard du voyageur devient politique. (Laurence Wavrin)
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