(2006) L'astrophysicien Hubert Reeves répète que l'espèce humaine doit arrêter d'urgence le massacre de la diversité de la vie animale et végétale de la planète, sans quoi les conséquences seront catastrophiques pour son avenir. L'humain joue un triple rôle dans ce que l'astrophysicien Hubert Reeves appelle la 6e extinction massive d'espèces. Il en est le responsable, la victime potentielle et le sauveur possible, estime l'homme de science qui soutient que la planète a déjà connu d'autres évènements perturbateurs dans le passé. Le scientifique québécois a tenu ces propos durant une conférence de presse au Press Club de France à Paris. Il assistait au lancement du Pacte pour l'Écologie, de l'animateur écologiste Nicolas Hulot, un ouvrage corédigé avec plus d'une vingtaine d'experts. Hubert Reeves a rappelé que la dernière extinction en date est celle des dinosaures, probablement provoquée par la chute d'une météorite sur Terre il y a 65 millions d'années. Sinistres prévisions Dans celle qui est présentement en cours, c'est l'action humaine qui entraîne une importante érosion de la biodiversité, estime le vulgarisateur scientifique. La fragmentation du territoire, l'action des pesticides, la toxicité et la destruction des forêts n'y sont pas étrangers. « Nous atteindrons probablement d'ici 2050 des nombres impressionnants d'espèces éliminées, on parle de 40 % à 50 % », estime M. Reeves. Si les mammifères ont généralement profité de la disparition des dinosaures, ils sont maintenant directement menacés par la nouvelle vague d'extinction. « les mammifères de plus de 3 kilos sont dans le collimateur, donc l'homme », signale-t-il. Les propos d'Hubert Reeves rejoignent ceux de 14 chercheurs qui ont publié la semaine dernière une étude dans laquelle ils affirmaient que la totalité des crustacés et certaines espèces de poissons pourraient disparaître complètement des océans d'ici 50 ans. L'humanité en péril? « Il ne s'agit pas de dire ce qui va se passer mais ce qui pourrait se passer si nous continuons comme nous le faisons actuellement », remarque M. Reeves. L'auteur de plusieurs ouvrages de vulgarisation de la science soutient que la disparition de l'humanité n'est pas à craindre pour le moment. Toutefois, nous pourrions assister à son affaiblissement important à l'échelle de quelques décennies. « Cette crise est trop grave pour en rester au niveau des clivages politiques. (...) Si nous ne nous occupons pas tous ensemble de l'environnement, l'environnement va s'occuper de nous ». Selon lui, la vie sur Terre n'est pas en danger. Toutefois, les conditions de vie seront de plus en plus difficiles. « Nous sommes 6 milliards, nous pourrions arriver à 9 ou 10 milliards dans 50 ans. Comment faire vivre 10 milliards de personnes sans rendre la planète inhabitable. C'est le plus grand défi posé à l'humanité ».
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