Avec la guerre à Gaza, la question palestinienne redevient un enjeu primordial pour les dirigeants des pays arabes qui restent divisés sur les mesures à adopter. Invitée : Agnès Levallois, vice-présidente de l’Institut de Recherche et d’Études Méditerranée au Moyen-Orient Présentation : Jean-Philippe Schaller Le 11 novembre, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane réunissait autour de lui à Riyad les dirigeants du monde arabe et du monde musulman. Les pays de la région - qui ont refusé de condamner le Hamas, à l’exception des Emirats arabes Unis - ont fermement condamné les frappes et actions militaires menées par Israël à Gaza. Mais ils restent divisés sur les mesures à prendre. Certains pays, comme l'Algérie et le Liban, ont proposé de rompre les liens économiques et diplomatiques avec Israël et de cesser d'approvisionner en pétrole ce pays et ses alliés, mais ils n'ont pas été suivis. “En apparence, il y a cette unité avec quelques déclarations fortes mais concrètement aucune mesure n'a été prise puisqu'on voit bien qu'il y a quand même des pays qui continuent à vouloir garder des relations à peu près correctes avec Israël, en dépit de la violence de ce qu'il se passe sur le terrain“, analyse Agnès Levallois, vice-présidente de l’Institut de Recherche et d’Etudes Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO), dans l'émission Géopolitis. Sous l’impulsion des Etats-Unis, les Emirats Arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan ont signé en 2020 et 2021 les accords d'Abraham pour normaliser leurs relations avec Israël. L’Egypte et la Jordanie sont signataires d’accords de paix avec l'Etat hébreu, respectivement en 1979 et en 1994. Début novembre, la Jordanie puis Bahreïn ont rappelé leurs ambassadeurs en Israël. L’Arabie saoudite, qui était aussi en négociation pour un accord de normalisation avec Israël, a suspendu le processus. Les pays arabes de la région sont mis sous pression par leur opinion publique. Au Maroc, en Jordanie ou encore en Egypte, les manifestants sont sortis en nombre pour dénoncer la situation à Gaza. Ces mobilisations sont un défi pour certains pays de la région. “L'autoritarisme qui s'est développé maintenant depuis quelques années est remis en question par cette mobilisation à laquelle les dirigeants ne s'attendaient pas“, selon Agnès Levallois qui souligne que “même aux Emirats Arabes Unis, un pays qui a normalisé [ses relations] avec Israël, il y a eu quelques manifestations, alors que c'est un pays dans lequel on ne manifeste pas“. L'Egypte est particulièrement sensible à l'évolution de la situation à Gaza. C’est dans le Sinaï, sur son territoire, que se situe le seul point de sortie pour les Palestiniens. Ce passage est partiellement ouvert pour évacuer certains blessés, des étrangers et des binationaux. Le Caire s'oppose fermement à une évacuation massive des Palestiniens de Gaza sur son territoire. Le régime égyptien ne veut pas devenir responsable du sort de milliers de Palestiniens qui pourraient fuir en Egypte, avec peu de perspective de retour, alors que le pays est déjà fragile économiquement. Il craint aussi la potentielle arrivée sur son territoire de combattants de l’enclave palestinienne qui pourraient déstabiliser un peu plus le Sinaï, où l’Egypte tente de contenir des rebelles affiliés à l’Etat islamique. Mais c'est surtout des motifs politiques qui expliquent la position de l'Egypte, estime Agnès Levallois. “Accepter d'accueillir les Palestiniens, cela voudrait dire que l'Egypte serait complice finalement d'une deuxième Nakba - Nakba qui veut dire la catastrophe et qui fait référence à 1948, quand les Palestiniens ont été chassés de chez eux“, lors de la période de conflits qui a entouré la création de l'Etat d'Israël. Au sommaire: 00:00 Les pays arabes face à la guerre à Gaza 02:02 La guerre entre le Hamas et Israël divise les pays du Moyen-Orient 05:49 Agnès Levallois: Certains pays arabes “veulent garder des relations correctes avec Israël“ 12:06 Le Qatar, un médiateur incontournable, proche de la branche politique du Hamas 14:35 Agnès Levallois: “Le gouvernement israélien actuel ne veut pas d’une négociation pour l'émergence d'un Etat palestinien“ 19:42 Les communautés palestiniennes au Liban, en Jordanie, et en Syrie 22:41 En 1978, le président égyptien Anouar el-Sadate fait la paix avec Israël Le site de Géopolitis : #Gaza #Israël
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