A l’occasion du concours de chant folklorique organisé par la chaîne étatique France 3, invitant à choisir le meilleur chant régional parmi 10 candidats, j’ai utilisé des règlements de concours similaires en Russie, qui sont extrêmement nombreux, en vue de désigner le vainqueur de manière objective et comparer le résultat. Si l’émission française n’a pas présenté sa grille de notation, ni le but du concours, tous les concours en Russie s’accompagnent de règles précises connues à l’avance. D’abord, il est systématiquement rappelé que le but premier est d’étudier, préserver, reconstruire, vulgariser et développer les traditions de chants et danses folkloriques de diverses régions du pays (parfois aussi à l’international), de connaître la richesse et la diversité de ces chants et danses folkloriques, d’agrandir le répertoire des ensembles folkloriques et ethnographiques, d’améliorer le niveau d’interprétation des participants, de créer les conditions pour le retour du chant et de la danse traditionnels dans la culture quotidienne du pays, de développer l’activité créatrice des jeunes étudiants, d’échanger les expériences créatives et pédagogiques, d’inciter à l’introduction de nouvelles méthodes d’enseignement du folklore, de soutenir les talentueux interprètes, chorégraphes, chercheurs et collectionneurs (musées ou initiatives privées). Les critères sont nombreux, stricts mais ouverts : les concours sont axés sur l’étude, la maîtrise et la restitution authentique des traditions de chants et de danses, préservant l’exactitude ethnographique et l’originalité des styles de diverses régions du pays. Néanmoins, la créativité, l’improvisation, l’interprétation, l’arrangement sont également jugés, ce qui permet de trouver un équilibre avec l’exactitude historique sans perdre de points, et parfois même en gagnant des points supplémentaires. Le costume folklorique est lui aussi concerné : il est obligatoire, mais il peut être adapté à une interprétation d’œuvre récente ou inventée pour l’occasion : le folklore n’étant pas forcément ancien. Généralement en Russie, tous les participants sélectionnés (sur vidéo préalable) sont récompensés. Le but étant d’encourager chacun à participer, et non à sanctionner. Mes critères retenus pour cette émission sont : Qualité du chant solo ou en chorale Interaction avec l’accompagnement vocal ou instrumental Qualité générale de l’accompagnement Le caractère folklorique de l’accompagnement (les instruments sont folkloriques ou les voix sont en langues locales ou anciennes ou expriment la culture populaire) Qualité générale de la chorégraphie Interaction entre chorégraphes (éventuellement avec le soliste) Improvisation et créativité en chorégraphie Caractères folklorique et traditionnel des costumes Expressivité Travaux de recherches ethnographiques Précision en ethnographie, en ethnochorégraphie et en ethnomusicologie Respect culturel dans le comportement Décor évoquant l’environnement d’origine Caractère attrayant Choix et pertinence de l’œuvre sont inclus dans ces critères. De ces critères objectifs, il en résulte des observations intéressantes. L’absence de chorégraphie est un handicap connu, le folklore n’étant pas du chant de choral. En Russie, les concours séparent les styles de telle sorte de comparer ce qui est comparable et de récompenser chacun. Nous avons un vainqueur, qui coche toutes les cases. Le “jury“ de l’émission l’a d’ailleurs reconnu sans lui-même comprendre qu’il était alors obligé de le désigner gagnant. On voit qu’il n’est pas habitué à juger des réalisations folkloriques. Il s’agit de l’Île de France, qui a obtenu l’intégralité des 28 points selon mon jugement. Bravo à cet ensemble ! Le second est le Centre - Val de Loire avec 25 points, dont j’ai légèrement sanctionné les explications ethnographiques et l’aspect attrayant, qui est subjectif. Les perdants sont les organisateurs et le jury. Bravo à l’ensemble de l’Île de France, qui a toutes ses chances à l’international ! Источник: Actualités mondiales & françaises
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