Bill O’Brien, le gérant de la compagnie américaine exploitant le puits, la SOC (Southern Oil Companyb) décide de faire transporter jusqu’au lieu du sinistre quatre cents kilogrammes de nitroglycérine dont l’explosion doit éteindre le brasier. Un convoi de deux camions est organisé. Il faut trouver des chauffeurs aguerris. La somme promise en cas de succès (deux mille dollars par personne) offre une chance inespérée de refaire sa vie loin de cet endroit sans avenir. À l’issue d’un examen de conduite, quatre hommes parmi les Européens de Las Piedras sont engagés pour faire équipe en duo : Mario et Smerloff, ainsi que Luigi et Bimba. Mario est un séducteur désœuvré, d’origine corse, qui flirte sans conviction avec la fragile Linda, une serveuse de bar éprise de lui. Luigi est un brave cimentier calabrais, aux poumons rongés par la silicose ; Bimba un Juif néerlandais taciturne, distingué mais résolu. À ces quatre hommes se rajoutent Jo, un caïd sur le retour, tout juste débarqué de Paris où il a échappé in extremis à la police. Non retenu pour le voyage, Jo a été exclu d’emblée par O’Brien qui le trouve trop âgé : les deux hommes se connaissent pour avoir, jadis, trempé ensemble dans des affaires louches. Mais au dernier moment, Jo remplace le quatrième chauffeur, Smerloff, mystérieusement absent. Le convoi part au petit matin. La tâche est périlleuse : les camions fournis ne sont pas adaptés au transport d’une matière hautement explosive sur une chaussée aussi médiocre. Les épreuves se succèdent : la route, une piste sommaire que le vent a ridée en « tôle ondulée » ; un ponton trop fragile pour les manœuvres du poids lourd et un gros rocher bloquant le passage, que Bimba réussira à pulvériser avec quelques gouttes de nitroglycérine. Tout d’abord cynique et bravache, Jo perd peu à peu son sang-froid et refuse même de poursuivre la mission : il affirme être « payé pour avoir peur ». Sa lâcheté lui attire le mépris, la colère et même la haine de Mario. Au tiers du parcours, le camion Dodge de Luigi et Bimba explose au cours d’un choc et pulvérise les deux hommes. Mario et Jo constatent ensuite qu’un pipeline sectionné par l’explosion déverse son pétrole dans une cavité qui barre la route. Sur ordre de Mario qui tient le volant, Jo descend dans le trou pour en sonder la profondeur, alors que dans le même temps le camion avance derrière lui. Jo trouve une grosse branche qu’il veut déplacer, mais glisse et tombe sous les roues du camion. Mais Mario, obligé d’avancer sous peine de voir son chargement exploser, fait avancer le véhicule qui écrase la jambe de Jo, hurlant de douleur. Le camion a pu passer. Mario extrait Jo du bourbier puis les deux reprennent la route. Mais rapidement, la jambe de Jo se gangrène. Pris de délire, il meurt dans les bras de Mario. Ce dernier atteint, épuisé, le but du voyage à la nuit tombée. Le lendemain matin, il perçoit sa prime, augmentée de celle de Jo. Il insiste pour revenir seul en camion à Las Piedras : il veut déposer l’argent en banque avant la fin de la journée. Mais, emporté par l’enthousiasme et distrait par la radio qui diffuse la valse Le Beau Danube bleu, il perd toute prudence et conduit en zigzag. Abordant trop vite un virage, il chute avec son camion du haut de la falaise à pic et meurt sur le coup. Aucun des quatre chauffeurs n’aura pu revenir vivant de cette mission sans espoir.
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