Ce poème de Victor Hugo reflète sa vision profonde de l'eau en tant qu'élément essentiel et symbolique, un bien commun qui est au cœur de la vie et de la nature. L'eau L'eau, murmure harmonieux Dans la sombre profondeur des bois, C'est l'âme du monde des cieux Dans le vallon mystérieux. L'eau, c'est l'âme du vallon, De l'onde à la goutte d'eau, C'est un pays sans horizon Où tout ce qui tombe est écho. Tout tombe et tout reprend vie, Tout s'y confond, tout s'y dérobe, C'est un mystérieux génie Que tout en tout et tout enrobe. L'azur est tout, l'onde est tout, Tout en tout se mêle et s'unit, La goutte d'eau fait le grand tout Comme la vie emplit la nuit. Le ruisseau chante, la mer chante, L'océan chante éperdument, Chaque flot qui tombe enchante, Tout, jusqu'au souffle du vent. Le soleil tombe et se lève, Les étoiles tombent aussi, Chaque rayon qui s'y rêve Y tombe et s'y perd dans l'oubli. L'eau, c'est l'âme du vallon, La mer est l'âme de la plage, Le ciel est l'âme de la région, L'univers est un grand partage. L'eau, c'est tout, l'eau, c'est rien, C'est l'infini, c'est l'instant, C'est l'ombre, c'est le matin, C'est le tombeau, c'est le berceau, C'est l'âme, c'est le mouvement, C'est le néant et le réel, L'eau, c'est tout et c'est le vent, L'eau, c'est le souffle du ciel. Le monde n'est qu'une ondulation, Un flot, un reflux, un murmure, L'ombre est une ombre et c'est tout, L'eau, c'est l'âme de la nature. Tout est, tout fuit, tout s'achève, Tout naît, tout meurt, tout recommence, La vie est une goutte de rêve Qui tombe en l'océan immense. L'eau, c'est l'âme du vallon, Dans le gouffre, dans le nuage, C'est le silence, c'est le son, C'est le trépas, c'est le voyage. Victor Hugo 1802-1885
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