Les professionnels de la boulangerie ont manifesté lundi après-midi dans les rues de la capitale pour exprimer leur colère. Face à l’explosion des coûts de l’énergie et des matières premières, ils demandent des mesures d’urgence. Eux-mêmes le clament haut et fort : ils en ont « plein les miches ». « Macron, Macron, tu nous roules dans la farine ! », ont scandé en chœur les artisans boulangers, rassemblés à Paris ce lundi. Venus de tout le pays, plusieurs centaines d’entre eux ont manifesté contre l’explosion des prix, qui les met à terre. À commencer par ceux de l’électricité, qui ont bondi au 1er janvier 2023. De la farine au beurre, en passant par les œufs, le coût des matières premières a, lui aussi, nettement augmenté, depuis l’an dernier. En tête de cortège, un mannequin déguisé en boulanger est pendu. Même mise en scène avec un cercueil traîné par un grand gaillard, et dans lequel se trouve un squelette en tenue de travail. Tout un symbole, pour une profession en détresse. Michel, boulanger depuis 35 ans, est déterminé à se faire entendre : « C’est la première fois que je manifeste de ma vie ». « Ils ont dépassé les bornes, on s’est pris 150 % d’augmentation en un rien de temps, et encore moi je subis moins que d’autres collègues », explique cet artisan de l’Aisne, qui bénéficie encore des tarifs réglementés sur les prix de l’énergie. Mais même avec ce dispositif, il a été obligé d’augmenter sa baguette de 10 centimes. Même conséquence pour Christine, patronne d’une boulangerie dans le Finistère depuis dix ans. « Ma facture a triplé, je ne sais pas combien de temps ça va durer. Même si on augmente le prix de la baguette, ça reste dérisoire », s’alarme-t-elle, arborant fièrement son pain de campagne entre les mains. Même si ce rassemblement lui fait chaud au cœur, elle s’estime « oubliée » par le gouvernement. « On est en train de nous voler tout le travail d’une vie », glisse un autre boulanger à son collègue, au milieu de la foule. Tout un savoir-faire, un symbole auxquels sont attachés les Français. Réclamant à tue-tête la sortie du marché européen de l’électricité, ils se dirigent ensemble vers le ministère des Finances, à Bercy. « Olivia, les calculs ne sont pas bons ! », scandent quelques manifestants, remontés à bloc contre Olivia Grégoire. La Ministre chargée des PME a affirmé en début de mois avoir téléphoné à une boulangère pour l’accompagner dans ses démarches administratives. Une tentative vaine de récupération, puisque l’intéressée a elle-même répondu n’avoir jamais été contactée. Ou comment résumer le manque de considération que ressentent les artisans boulangers. Des élus de gauche en soutien « C’est tout un savoir-faire qu’on met à la poubelle », s’inquiète Danielle Simonnet, présente dans la manifestation avec une dizaine de ses collègues insoumis. La députée réclame « le blocage pur et simple des prix de l’énergie, car cette hausse est insupportable ». Non loin d’elle, des députés RN sont présents dans le cortège. « Ce sont des hypocrites, ils n’ont jamais voulu bloquer les prix », dénonce-t-elle. Plus loin, le député FI Christophe Bex rappelle que « si les petits commerces ferment, c’est tout le lien social qui s’effondre ». « Tout ce qui est vital doit sortir de la logique de marché, nous nous souhaitons la nationalisation d’EDF », argue l’élu de Haute-Garonne. Au contact d’artisans-boulangers dans son territoire, celui-ci souhaite que la gauche défende plus ardemment ces professions abandonnées. D’autres élus de la Nupes ne manquent pas de soutenir le mouvement. À l’instar du député communiste Sébastien Jumel, qui a déposé la semaine dernière une proposition de loi pour rétablir les tarifs réglementés sur les prix de l’énergie, pour tous. En attendant, les professionnels de la boulangerie espèrent que leur rassemblement fera avancer les choses ; car c’est bien leur gagne-pain qui est en jeu. Abonnez-vous à l'Humanité 👉 📣 SUIVEZ L'HUMANITÉ ! Retrouvez tous nos articles sur 👉 Notre page Facebook 👉 L'Humanité est aussi sur Twitter 👉
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