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Des gurillas au reflux de lOccident G. CHALIAND

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Le reflux de l’Occident est net pour Gérard Chaliand, géopoliticien spécialiste des conflits armés. Retraçant très clairement le contexte historique mondial des trois derniers siècles, il met en lumière le basculement des rapports de force mondiaux. On semble passer d’une incontestable domination à un reflux occidental, qui s’explique par une combinaison de facteurs : l’essor du nationalisme chez les populations auparavant dominées par les Européens et les Américains, semble être la cause principale de ce déclin. Cet entretien a été réalisé à l’occasion de la publication d’une somme de Gérard Chaliand, « Des guérillas au reflux de l’Occident, » Paris, Passé composé. Une coproduction Diploweb et ENC Blomet. Interview : Pierre Verluise. Images et son : Jérémie Rocques. Montage : Jérémie Rocques et Pierre Verluise. Résumé : Jeanne Durieux De fait, la révolution industrielle qui survient à la fin du XVIIIe fait prendre à l’Europe et les Etats-Unis une formidable avance. Dès lors, le choc des civilisations est en fait advenu avec cette immense expansion européenne. Cette domination permet chez les peuples vaincus une évolution des mentalités. Les générations successives prennent progressivement conscience de l’appartenance à une même nation, et ce nationalisme est le moteur de leur lutte contre le colonialisme au moyen des mouvements de libération nationale. En parallèle, la victoire des Japonais sur les Russes en 1905 inaugure la première défaite d’une nation blanche face à une nation non-blanche, remettant en cause l’idée du social-darwinisme auparavant à l’avantage des blancs : l’Occident n’est pas supérieur par essence. Si le nationalisme est un moteur nouveau de la lutte des populations, encore faut-il une stratégie concrète pour permettre à ces mouvements de libération nationale de vaincre. Mao Zédong, leader du parti communiste chinois, décide ainsi de passer d’une guérilla, guerre irrégulière qui cherche à affaiblir l’adversaire sans triompher, à une guerre révolutionnaire. Il s’agit de mobiliser les masses pour obtenir le soutien absolu de la population. Cette stratégie est reprise et fait ses preuves en Indochine, expliquant l’échec français de Dien Bien Phu (1954). Le pays est contrôlé le jour par les français, mais aux mains du peuple qui ravitaille et soutient l’armée dans l’ombre. Dès lors, la position des Occidentaux à l’étranger s’effondre dans la seconde moitié du XXème siècle. En témoigne le reflux majeur des Américains au Vietnam, confrontés à un adversaire qui se dédie à sa cause jusqu’à en mourir. Les pertes vietnamiennes sont nombreuses mais compensées par une démographie vigoureuse, alors même que les Etats-Unis tiennent plus compte des opinions et du moral des civils, de l’arrière, que des victoires de l’avant. Sans glorification du vainqueur et de la cause du pays, il n’est pas de victoire possible pour les Américains. La guerre violente devient alors de plus en plus impopulaire chez les occidentaux. La bataille de Dien Bien Phu, premier échec politique et première non-victoire militaire de l’Occident, devient le portrait général du dernier siècle ; on passe d’un moment d’expansion extraordinaire à une période de reflux accéléré. La situation s’enlise dans les lieux de conflits : l’Afghanistan tombe aux mains des talibans malgré les mobilisations importantes des Occidentaux, l’expédition punitive américaine lancée en Irak en 2003 suite au 11 septembre 2001 tourne à l’échec après le scandale de la prison d’Abou Ghraib qui suscite l’opprobre générale : sans soutien de la population, l’opération est vouée à l’échec. De façon générale, la gestion des crises au Moyen-Orient en dit long sur le repli de la domination des Occidentaux. La désunion est visible, et Gérard Chaliand émet des doutes sur la capacité des Européens à se ressaisir. Ainsi, la situation au Sahel est en 2020 une véritable « impasse » : la gestion de la crise en Lybie conduit les forces occidentales à abattre Kadhafi, qui maintenait le pays dans un « ordre »relatif. Le régime s’effondre, les Touaregs et les islamistes émigrent vers le Sahel. Les conséquences se manifestent presque immédiatement au Mali dès 2011-2012. Les forces en présence sont déséquilibrées : les forces occidentales ne peuvent compter que sur les armées qu’elles ont entrainées. Or, celles-ci, si elles sont bien organisées, n’ont aucun désir de combattre et ne font pas bloc face à des combattants locaux peu organisés mais animés par un dévouement absolu à leur cause, quitte à en mourir. Dès lors, si on ne peut parler de défaite absolue chez les Occidentaux, il n’empêche que l’échec politique est bien réel. Ce qui conduit Gérard Chaliand à parler de « non-victoire » : les armées occidentales, écœurées par les armées locales, rentrent chez elles, poussées par l’opinion publique lassée de l’enlisement. Voir le résumé complet Copyright pour le résumé 2020-Durieux/

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