La double appartenance est un phénomène historique bien connu auquel se prêtent particulièrement bien les paganismes en général et le druidisme en particulier. Il n’y a problème que lorsqu’une des religions en cause est une monolâtrie intolérante (pléonasme dit mon correcteur). Le polythéisme étant par définition tolérant, non exclusif, et admettant également par définition la validité de toutes sortes d’autres cultes, contrairement aux monolâtries caractéristiques des actuelles religions de masse, aucun autre culte aucun autre dieu (agnostos theos/sive deus sive dea) ne saurait complètement répugner au vrai druidisant. Le vrai druidisant s’efforce toujours au contraire au plus complet irénisme vis-à-vis des autres cultes. Cette attitude d’ouverture intellectuelle comparable à une laïcité ouverte en matière politique aboutit souvent à une sorte de double appartenance en ce qui concerne le druidisant de base. C’est d’ailleurs ce qu’a très précisément prôné John Toland pour ses panthéistes (dans son pantheisticon) d’ailleurs, mais pour d’autres raisons il est vrai (la crainte des persécutions). Une double appartenance, à laquelle se prêtent particulièrement bien les paganismes en général et le druidisme en particulier. Il n’y a problème que lorsqu’une des religions en cause est une monolâtrie exclusive. Quelques exemples historiques. — Double appartenance libre. Certains juifs du 1er siècle de notre ère étaient aussi chrétiens. Les livres d’histoire les appellent d’ailleurs judéo-chrétiens. — Double appartenance forcée (sous peine d’exil). Certains juifs espagnols du 16e siècle, les marranes, étaient à la fois juifs (en cachette à la maison) et catholiques le dimanche à la messe. — Double appartenance « forcée ». L’islam autorise ses fidèles à afficher tous les signes extérieurs de la conformité religieuse dominante s’ils ont des raisons de craindre pour leur vie. C’est le principe dit de la taqiyya (sourates ,). Historiquement surtout pratiqué par les chiites vivant sous domination sunnite, mais des sunnites peuvent également y avoir recours comme dans le cas des morisques toujours en Espagne. Arthur de Gobineau, en 1865, dans son ouvrage Les Religions et les philosophies, semble être un des premiers auteurs occidentaux à décrire le principe de cette dissimulation religieuse. — Double appartenance semi-libre. Beaucoup d’Islandais du 11e siècle étaient officiellement chrétiens dans leurs relations extérieures ou dans leurs affaires avec des pays étrangers, mais restaient païens en privé ou dans leurs foyers (décision du godi Thorgeir Thorkelsson). — Double appartenance totalement libre. La cohabitation du bouddhisme et du shintoïsme au Japon depuis le VIIIe siècle est un excellent exemple de cette double observance toujours observable aujourd’hui, et elle a même un nom : shinboutsou shugo. Suivant les circonstances le Japonais moyen est donc soit bouddhiste soit shintoïste. Dans les faits, la plupart des Japonais fêtent les mariages et les naissances suivant les rites shintoïstes et les funérailles suivant les rites bouddhistes. Au Japon de nombreux temples bouddhistes ont dans leur enceinte un espace dédié aux kamis, quand les kamis ne sont pas eux-mêmes considérés comme des émanations des différents bouddhas et bodhisattvas. — Double appartenance totalement libre. Certains druidisants actuels, mais il n’y a pas de nom en vieux celtique pour désigner ce genre de pratiques religieuses. Évidemment !
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