Si l’inflation est en légère baisse au mois de mars (5,7 % selon l’Insee), principalement du fait d’un fort ralentissement des prix de l’énergie, l’envolée se poursuit dans l’alimentaire : 14,8 % en février, 15,9 % en mars. Et les prévisions des grands distributeurs ne sont pas bonnes pour les prochains mois. Mardi, le patron de Système U, Dominique Schelcher a dit craindre des hausses “entre 23 et 25 % sur l’alimentaire et la droguerie, la parfumerie et l'hygiène d’ici la fin du mois de juin“. De son côté, le président des Centres E. Leclerc, Michel-Édouard Leclerc, a assuré que l’inflation allait s’intensifier avec sans doute “un pic vers le mois de juin ou juillet“. Alors jusqu’où ira cette inflation galopante dans l’alimentaire ? Pourquoi les prix de l’alimentation flambent-ils en France ? Il y a eu des négociations jusqu’à fin mars avec les industriels, explique Michel-Édouard Leclerc, qui n’avait “jamais vu“ une inflation aussi rapide. Il y a eu “un mur d’inflation“. Cette inflation est “incontournable à cause de la loi qui empêche les commerçants de vendre moins cher que le prix d’achat“, déplore-t-il. La loi évoquée a pour objectif de rééquilibrer, sur fond de guerre des prix, les négociations commerciales entre les fournisseurs de l'agroalimentaire et la grande distribution. Elle prolonge également deux mesures de loi Égalim au profit des agriculteurs : l'encadrement des promotions et le seuil de revente à perte à 10 % des produits alimentaires. Adoptée définitivement mercredi 22 mars par le Parlement, elle est vivement critiquée par la grande distribution, qui lui reproche notamment la limitation des possibilités de proposer de fortes promotions et demandent également au plus vite la réouverture de négociations commerciales avec les industriels. Car si les prix en magasins continuent leur ascension, les prix des matières premières, du blé ou encore de l’énergie, sont eux sur la pente inverse. Dans un courrier adressé aux distributeurs et aux industriels, le gouvernement a également demandé cette réouverture des négociations. Hier le ministre de l’Économie a par ailleurs posé un ultimatum aux industriels de l’agroalimentaire. “Ils doivent aujourd’hui revenir à la table des négociations avec les distributeurs. Je leur laisse quelques semaines pour répercuter les baisses de prix que l’on voit sur le marché de gros. Mais je ne veux pas qu’ils refassent leurs marges sur le dos des consommateurs“ a lancé Bruno Le Maire. Des consommateurs qui chaque jour au moment de remplir leur caddie au supermarché, sont de plus en plus nombreux à renoncer à certains produits, pourtant de première nécessité. Dans les rayons, les Français changent leurs habitudes, boudent les marques, diminuent leurs achats… Résultat : alors que les prix sont toujours plus hauts, les ventes sont en chute libre. Mais le chiffre d’affaires ne cesse de grimper pour la grande distribution : 9% en moyenne en ce début d’année, après une année 2022 déjà très positive pour de nombreuses enseignes. Ainsi l’année dernière le groupe Carrefour a vu ses ventes augmenté de 16 % et son bénéfice grimper de 26%, atteignant 1,35 milliard d'euros contre 1,07 en 2021. Alors les hausses de prix dans l’alimentaire sont-elles justifiées ? Comment se déroulent les négociations entre distributeurs et grandes enseignes ? Enfin faut-il augmenter les salaires pour faire face à l’inflation ? Invités : - Emmanuel Duteil, directeur de la rédaction - L’Usine Nouvelle - Fanny Guinochet, éditorialiste - France Info et La Tribune, spécialiste des questions économiques et sociales - Lionel Mauguin, journaliste à 60 millions de consommateurs, en charge de l’Observatoire de l’inflation - Géraldine Houdayer, journaliste, spécialiste de la consommation, à France Bleu Retrouvez-nous sur : | Notre site : | Facebook : | Twitter :
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