Le président du Niger, Mohamed Bazoum, a conclu sa visite au Tchad où, devant Mahamat Déby, il s’est contenté de relayer les propos de Macron. Mercredi, le président français Emmanuel Macron, lors d’un discours adressé à l’armée de son pays, a estimé le retrait de Barkhane du Mali — qu’il dit avoir lui-même « décidé » — était légitime. Il a, en contrepartie, qualifié le gouvernement malien d’« illégitime ». Et a promis la fin du retrait des forces françaises du Mali avant la fin de l’été. Macron a également annoncé que la France « continuera son engagement contre le terrorisme en Afrique, après Barkhane, autrement, mais résolument ». Ses objectifs seraient que les forces françaises soient « moins exposées » et entretiennent des « relations plus intimes avec les armées africaines ». Ces « armées africaines », précise Macron, se limitent actuellement à celle du Niger. Le pays, selon le chef d’État français, sera un « point d’ancrage ». Un vocabulaire qui, en temps normal, aurait provoqué l’ire d’un pays souverain. Cette fois, le président français peut compter sur la complaisance d’un Bazoum toujours prêt à rendre service à la France. Le même jour, le président du Niger, Mohamed Bazoum, était à son second jour de sa deuxième visite au Tchad depuis le coup d’État de Mahamat Déby. Les deux présidents semblent décidés à soutenir, et à être soutenus, par Paris. En effet, Emmanuel Macron a, de son côté, précise que le déploiement français sera revu à la baisse. « La guerre revient, pleinement, cruellement, sur le sol européen. Nous voyons bien qu’il nous faut réévaluer notre ambition », a déclaré le président français. Il modère ensuite : « Pas pour faire moins, je vous rassure, mais pour parfois réorienter nos prévisions, savoir tirer tous les enseignements de ce nouveau contexte, et pouvoir programmer les prochaines années ». Pour résumer, Emmanuel Macron a bien parlé de « modérer les ambitions » militaires françaises. Ce qui ne signifie qu’une chose pour les États africains comptant sur Paris pour résoudre leurs crises sécuritaires : ils auront moins d’aides qu’ils ne l’espèrent. Et dans une symbolique très claire, parmi les pays invités à parader ce 14 juillet aux côtés des troupes françaises, il y a de grands absents. Déjà, aucun pays africain n’a été invité. Mais même en Occident, les premiers partenaires de la France dans le cadre de Barkhane ou de Takuba étaient également absents. Notamment l’Allemagne, la Suède, l’Italie, la Belgique ou encore le Portugal. Donc si Bazoum rêve encore d’être cajolé par Paris pendant les quelque trois années restantes de son mandat, ses ambitions ne semblent pas réciproques. Mahamat Déby, lui, semble plus pragmatique. « Le Tchad est un pays souverain, ce n’est pas à un sénateur qui ne sait même pas placer le Tchad sur une carte et poussé par du lobbying, qui va nous orienter ou dire que faire de notre pays », a-t-il commenté les pressions du Sénat américain sur N’Djaména. Ce qui, en vue du contexte du point de presse, semble plus dirigé vers Paris. Une relation à la « Je t’aime, moi non plus » qui n’est pas sans rappeler celle de son père Idriss Déby avec la France. ▶ André Chamy, juriste international, et Luc Michel, géopoliticien, interviennent sur ce sujet.
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