Christophe Chirat est restaurateur dans le Rhône. Il est également membre du collectif Les Pendus et vice-président du syndicat Antigone, qui défend les intérêts des artisans, des commerçants et des travailleurs indépendants. Créé l’an dernier, le syndicat Antigone n’a de cesse d’alerter sur les difficultés des artisans et des commerçants, notamment du fait de l’explosion des prix de l’énergie. « Toutes les professions sont touchées par la crise énergétique, directement parce qu'elles ont des factures énormes à payer, ou indirectement parce que ce sont leurs clients ou leurs fournisseurs qui ont des factures énormes à payer. On peut parler des pressings, des garagistes, des coiffeurs, des esthéticiennes, etc. Toutes les professions sont concernées, même dans la toute petite industrie, la menuiserie par exemple. Tout le monde est victime et ça devient effroyable », explique Christophe Chirat. Si le gouvernement a mis en place plusieurs dispositifs pour soulager les entreprises confrontées à la flambée des prix de l’énergie, le restaurateur estime que ces mesures sont insuffisantes et inadaptées aux difficultés des artisans, des commerçants ou des travailleurs indépendants. « À supposer que les gens bénéficient de la totalité de ce dont il est possible de bénéficier, s'ils cochent toutes les cases, ce qui est très rare, c'est à peu près 20% de leur facture d’électricité qui est prise en charge. Mais c'est 20% d'une facture qui a été multipliée par 4 ! Ça ne tiendra pas. Les entreprises crament petit à petit leur trésorerie, lentement mais sûrement. » Selon Christophe Chirat, bon nombre d’artisans, de commerçants et de travailleurs indépendants « vivent dans des conditions difficiles » et sont très inquiets pour l’avenir. « Beaucoup d’artisans ou de commerçants ne se paient plus parce qu’ils préfèrent encore payer leurs salariés. Beaucoup tapent dans la réserve familiale, certains commencent à vendre leurs biens, confie-t-il. Beaucoup nous appellent en larmes, certains perdent tous leurs moyens. Ces gens-là travaillent beaucoup depuis toujours, ils méritent mieux ! » Si le gouvernement a assuré qu’il ne laisserait tomber aucune entreprise et qu’il n’y aurait pas de « mur de faillites » en 2023, le vice-président du syndicat Antigone fustige « des effets d’annonce pour rassurer les gens et donner le change au grand public ». « Ils ont passé des heures à se filmer dans les commerces, on a même vu Olivier Véran en train de sortir des baguettes du four ! Ils n'ont pas honte ? Alors qu'en face, il y a des gens qui ne mangent plus ou pas souvent, qui travaillent jour et nuit, on ne peut pas continuer comme ça ! » « Nous avons les PGE à rembourser, des notes d'URSSAF doublées du fait des reports liés au Covid, la fréquentation qui baisse beaucoup, la marge brute qui chute à cause de la hausse des prix des matières premières, c’est intenable. Le contexte est vraiment explosif », ajoute-t-il. « Nous ne pouvons pas ne pas nous émouvoir de voir tous ces rideaux baissés en nous promenant dans les rues. Ça va être remplacé par quoi ? Nous ne pouvons pas laisser partir tout notre savoir-faire, notre savoir-être, notre savoir-vivre et nos valeurs dans de grands groupes. C'est notre patrimoine. Nous sommes en train de tout flinguer ! » Et Christophe Chirat de conclure : « Nous devons nous prendre en main, sans rien attendre des autres. Nous sommes capables de comprendre, d'analyser les situations, nous savons d'où viennent les problèmes. Nous sommes très au courant du marché européen de l'électricité, de la crise Covid. Malgré tout ce qu’ils peuvent croire, nous sommes de moins en moins bêtes et nous n’avalerons pas les couleuvres. Quand tout le monde aura compris, nous verrons dans quel sens tourne le rapport de force. » 00:00 Introduction 01:17 Quelles sont les professions touchées de plein fouet par la hausse des prix de l’énergie ? 04:00 Quel est l’état d’esprit des artisans, commerçants et indépendants que vous côtoyez ? 06:28 Les mesures de soutien prises par l’État sont-elles adaptées aux difficultés des artisans et des commerçants ? 12:35 Le tarif moyen de 280 euros par mégawattheure garanti par l’État est-il suffisant ? 18:53 Les principaux syndicats défendent-ils correctement les intérêts des artisans et des commerçants ? 21:50 Les entreprises qui ont contracté des Prêts garantis par l’État (PGE) pendant la crise sanitaire sont-elles en mesure de les rembourser ? 27:40 Votre syndicat anticipe-t-il une hausse significative des faillites en 2023 ? 33:19 Quelles sont les solutions pour les petites entreprises qui n’arrivent plus à payer leurs factures ? Comment protéger leur activité ? Pour contacter le syndicat Antigone : #Energie #Artisans #Commerçants #Indépendants #Entreprises #Electricité #Syndicats #Gouvernement #Etat #Faillite #PGE ________________________________________________________________________ Journaliste : Henri-Michel Thalamy Images : David Vives
Hide player controls
Hide resume playing