Lorsque Jacques Rozier filme le tournage du Mépris de Jean-Luc Godard en 1963, il réalise deux courts métrages complémentaires, Paparazzi et Le Parti des choses : Bardot et Godard. Dans le premier, il s’éloigne de l’équipe du film en pourchassant les paparazzi qui rodent dans les collines avoisinantes. Dans le second, au contraire, il filme le tournage du Mépris, se rapproche plus gravement de l’acte de création, dévoile les gestes quotidiens des techniciens, les déplacements des comédiens, les orientations du réalisateur et raconte l’organisation aléatoire guidée par le hasard des événements. Bardot et Piccoli – qui incarnent un couple sensible et fragile à la dérive – se positionnent, les régisseurs italiens s’affairent, les équipes image et son se coordonnent, le clap annonce l’action et Godard dirige respectueusement Fritz Lang. Cette histoire d’Odyssée que conte Le Mépris et la présence de Fritz Lang auraient-elles une influence sur les deux cinéastes de la Nouvelle Vague ? « La caméra est d’abord un appareil de prise de vues, et mettre en scène c’est prendre modestement le parti des choses... » Jacques Rozier, visiblement fasciné par Fritz Lang et Brigitte Bardot, l’est aussi par son ami Jean-Luc Godard. Il le suit discrètement, le laisse travailler, avec ou sans la présence des dieux. Rozier, avec sa caméra, suit celle de Godard. Cette fois, il est le paparazzi qui chasse les appareils du cinéma. Grâce à la caméra Mitchell et à l’équipement Technicolor, Godard va sublimer Bardot.
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