La liberté c’est l’esclavage de la valeur d’échange triomphante... « L’application pratique du droit de liberté, c’est le droit de propriété privée. Mais en quoi consiste ce dernier droit ? « Le droit de propriété est celui qui appartient à tout citoyen de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie. » (Constitution de 1793, art. 16.) Le droit de propriété est donc le droit de jouir de sa fortune et d’en disposer « à son gré », sans se soucier des autres hommes, indépendamment de la société ; c’est le droit de l’égoïsme. C’est cette liberté individuelle, avec son application, qui forme la base de la société bourgeoise. Elle fait voir à chaque homme, dans un autre homme,non pas la réalisation, mais plutôt la limitation de sa liberté. Elle proclame avant tout le droit « de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie ». Restent les autres droits de l’homme, l’égalité et la sûreté. Le mot « égalité » n’a pas ici de signification politique ; ce n’est que l’égalité de la liberté définie ci-dessus : tout homme est également considéré comme une telle monade basée sur elle-même. La Constitution de 1795 détermine le sens de cette égalité:« Art. 5. L’égalité consiste en ce que la loi est la même pour tous, soit qu’elle protège,soit qu’elle punisse. » Et la sûreté ? La Constitution de 1793 dit : « Art. 8. La sûreté consiste dans la protection accordée par la société à chacun de ses membres pour la conservation de sa personne, de ses droits et de ses propriétés. » La sûreté est la notion sociale la plus haute de la société bourgeoise, la notion de la police : toute la société n’existe que pour garantir à chacun de ses membres la conservation de sa personne, de ses droits et de ses propriétés. C’est dans ce sens que Hegel appelle la société bourgeoise « l’État de la détresse et de l’entendement ». La notion de sûreté ne suffit pas encore pour que la société bourgeoise s’élève au-dessus de son égoïsme. La sûreté est plutôt l’assurance (Versicherung) de l’égoïsme. Aucun des prétendus droits de l’homme ne dépasse donc l’homme égoïste, l’homme en tant que membre de la société bourgeoise, c’est-à-dire un individu séparé de la communauté, replié sur lui-même, uniquement préoccupé de son intérêt personnel et obéissant a son arbitraire privé. L’homme est loin d’y être considéré comme un être générique ; tout au contraire, la vie générique elle même, la société, apparaît comme un cadre extérieur à l’individu, comme une limitation de son indépendance seul lien qui les unisse, c’est la nécessité naturelle, le besoin et l’intérêt privé, la conservation de leurs propriétés et de leur personne égoïste. » Karl Marx - La question juive « Tout ce qui déploie et dimensionne l’histoire actuelle est actualisation de l’indistinct en une figure fétichiste universelle où il n’y a plus d’hommes, plus de femmes, plus de Blancs, plus de Noirs, plus de sexes, plus de morale, plus de frontières, plus de nations, plus de beau, plus de laid, plus de sacré, plus de profane, plus de pur ni d’impur... bref, plus rien d’autre que des êtres humains marchandisés, indistincts, indifférenciés et interchangeables... en un grand aveuglement multiculturel gratuit, laïc et obligatoire. C’est ainsi l’esclavage... dans la Liberté parce que chaque marchandise humaine, intégrée au grand bordel social de l’avoir et de l’apparaître, n’obéit plus qu’à sa libre volonté narcissique et chosifiée. C’est ainsi l’esclavage... dans l’Egalité parce que chaque marchandise humaine reçoit une valeur égale à la valeur contenue dans la force de travail qu’elle peut prostituer, échangeant équivalent aliéné contre équivalent aliénant. C’est ainsi l’esclavage... dans la Fraternité parce que toutes les marchandises humaines, libres de s’autosacrifier, se doivent de participer à l’embrigadement festif de toutes les névroses politiques, religieuses, artistiques et sportives qui permettent de compenser l’absence de vraie vie par le spectacle colorié de la vie fausse. La dictature est la forme inférieure de la démocratie et la démocratie est la forme supérieure de la dictature jusqu’à cette formalisation remarquable qui voit la société unanime dans l’indistinction et indistincte dans l’unanimisme. La dictature est la figure brutale de la démocratie qui ne parvient pas à reproduire la spontanéité des moyens du spectacle de la libre-soumission. La démocratie est la figure parvenue de la soumission douce qui reproduit spontanément les moyens du libre-spectacle de sa dictature. » L’Internationale, Critique de la société de l’indistinction
Hide player controls
Hide resume playing