“La soif du mal“ (en anglais “Touch of evil“), film réalisé par Orson Welles est un sommet absolu du film noir, à l’ambiance sombre, qui se déroule à la frontière américano-mexicaine. La mise en scène est impressionnante, avec notamment une magnifique scène d’introduction qui donne le ton au film (un plan séquence de toute beauté). Les interprétations sont toutes de qualité, avec notamment un Charlton Heston d’une grande classe. Signalons aussi la présence de Marlene Dietrich, en diseuse de bonne aventure, et de Zsa Zsa Gabor en guest star. Ce grand film peut être vu comme un simple divertissement, mais aussi comme une excellente critique de la corruption judiciaire, du racisme ( le personnage de Quinlan apparaît non seulement comme un homme intransigeant, mais aussi comme un être intolérant et raciste ; cependant, il a aussi ses bons côtés, tels que le courage et la persévérance, comme en témoigne la balle qu’il a reçu à la place de son meilleur ami et collègue. En définitive, ce personnage est extrêmement complexe et gagne en épaisseur au fur et à mesure que le film avance). Janet Leigh campe ici le rôle de Suzie, femme qui se retrouvera confronté à des junkies et à leur chef Grandi, un mafieux ayant soif de vengeance à l’égard de Mike, le mari de Suzie ( Charlton Heston ). Il s’agit bien d’un film extraordinaire, fabuleux, peut-être encore plus aboutit que Citizen Kane. L’atmosphère brûlante du film, moite, étouffante, glauque à souhait, soulignée par une musique envoûtante, une maîtrise parfaite des contre-plongées, des plans serrés, un art du dialogue époustouflant et servie par des acteurs au sommet de leur art (Charlon Heston à mille lieues de ses héros sans peur et sans reproches, Janet Leigh comme un ovni tout droit sortie d’une planète interdite, Orson Welles, plus brillant que jamais, méconnaissable et torturé), fait de cette oeuvre un monument du septième art. Pourtant ce film a connu un accouchement bien difficile. Insatisfait du pré montage, les producteurs d’Universal ont fait appel à Harry Keller pour tourner des scènes supplémentaires et revoir le montage initial. Insatisfait du travail accompli, Orson Welles rédige alors une note de 58 pages aux producteurs leur indiquant toutes les retouches qu’il désirait apporter à son œuvre. Il faudra attendre plus de quinze ans avant de voir porter à l’écran “Touch of evil“ tel qu’imaginé par Welles. Il en résulte une facture des plus sombres.
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